Durant sa résidence, le Collectif Facteur a développé une installation questionnant notre rapport à l’espace, au temps et aux images, avec pour sujet les artefacts du Manoir comme traces de la mémoire du lieu. Le Manoir est une ancienne maison devenue lieu d’exposition depuis les années 1960. Face aux parois ajoutées dans les différentes salles pour les besoins des accrochages, le collectif s’interroge : quand est-ce que les besoins des expositions prennent le pas sur le bâtiment? En réaction au concept de white box, le Facteur questionne les espaces dédiés à l’art et leurs codes. Il a choisi ici de révéler ce qui a été caché pour redécouvrir les traces oubliées du bâtiment.
Les deux installations du Facteur sont intrinsèquement dépendantes des éléments naturels, du vent et de la lumière. Elles évoluent ainsi constamment et témoignent de l’impermanence des choses, et peut-être aussi de nos mémoires construites.
Murmure
Installation sonore, 2021
Ferrite magnétisée, acier, bois, dispertion
Face à ces ouvertures condamnées, le collectif Facteur choisit de réinviter l’extérieur à l’intérieur. Par un dispositif d’aimants suspendus reliés par des câbles à une ailette située à l’extérieur, le mouvement du vent est transmis aux catelles du Manoir. Sans l’usage de l’électricité, les catelles émettent alors des sons au gré du vent, évoquant le souvenir d'un cliquetis de pas à travers le temps.
Réplique
Camera obscura, 2021
Plexiglas, lentille, aluminium, dispertion
Dans la salle suivante, à droite, c’est une fenêtre bouchée qui se redéploie. Dans un geste paradoxal, le collectif Facteur a occulté toutes les ouvertures de la salle pour révéler une fenêtre du bâtiment condamnée depuis de nombreuses années. Par le système de la camera obscura, un simulacre de cette fenêtre réapparait, projetée sur le plexiglas dans ses moindres détails. Grâce à une lentille, la mise au point est faite sur le cadre de la fenêtre. Au sol, un tissu noir retrouvé derrière la paroi obstruante répète le motif de la fenêtre oubliée: ici, c’est l’empreinte laissée par le soleil au fil des années.
Photographies: ©Julien Gremaud
Citation: Sarah Jane Moloney