Visuellement minimaliste, l’installation À travers la verrière – installée sur l’édicule abritant les toilettes dans le foyer du Théâtre Les Halles – se constitue d’une trentaine de vitres, récupérées et installées sur la structure métallique d’un ancien vitrage, et chacune reliée par un fil à un poids : un caillou récupéré entre les ballasts des lignes CFF. Les fils passent tous à l’intérieur d’une bague reliée à un moteur qui selon une fréquence aléatoire se déclenche, fait vibrer les fils et donc provoque une action vibratoire sur les vitres. La structure, les fils et le moteur restent visibles créant une sculpture d’un nouveau genre proche d’un ready made. Ces éléments structurels et fonctionnels permettent de faire apparaître un élément perceptible mais invisible: le son.
C’est également le passé industriel du lieu qui transparaît grâce à l’intervention du Collectif Facteur qui réussit une nouvelle fois à faire parler les murs de manière épurée et poétique. Affinant un peu plus encore leur pratique de l’installation in situ, le collectif Facteur, se place avec À travers la verrière, comme un des rares collectifs d’artistes suisses travaillant autant le respect de l’histoire des lieux et de leur esprit – genius loci – jusqu’à le faire entrer dans l’installation même. L’effet papillon se développe de l’actionnement des mécanismes aux résultats perçus par les spectacteur.trices et ce, bien au-delà de la perception visuelle, sonore et donc physique, puisque la poésie des installations accompagne nos mémoires bien après la visite des lieux investis.
Lucile Airiau
Muséologue
Chargée de projets culturels